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Le Zoom des marchés – Juin 2023

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Environnement économique

Performance mai 2023

Le mois de mai a été l’occasion d’un retour au calme des marchés avec une légère baisse (-1% pour le MSCI World) à cause du coup de stress lié à la Comedia del Arte à propos du plafond de la dette américaine. Pourtant, la nouveauté du mois, c’est la baisse de la volatilité. La volatilité historique recule nettement avec la sortie des calculs des forts mouvements d’il y a un an. La tendance va donc s’accélérer dans les prochaines semaines.

Volatilités historiques en baisse

Mais le passé, c’est le passé. Il faut regarder de l’avant, et l’on constate que les anticipations de volatilité reculent encore plus fortement. Les indices comme le VIX et le VSTOXX qui mesurent l’anticipation de la volatilité par les investisseurs pour respectivement le S&P500 et l’Eurostoxx50 se rapprochent de façon remarquable des niveaux d’avant la crise du Covid.

L’incertitude est pourtant toujours bien présente notamment géopolitiquement. Le monde n’a pas semblé aussi divisé depuis longtemps. La guerre en Ukraine semble s’enliser, les tensions entre la Chine et les US sont toujours plus vives et les perspectives économiques s’assombrissent pour la deuxième partie de l’année.

La baisse des indices de volatilité

Pourtant plusieurs facteurs expliquent cette baisse de la volatilité.

D’abord l’inflation recule partout. Après le léger rebond d’avril, les chiffres ont repris leur baisse. Près de 1% en Europe. Cela s’explique par la baisse des matières premières. Le pétrole a perdu 40% en un an et que dire du gaz dont les prix ont été divisés par 3,5 ! La raison ? Depuis le début de la guerre, les circuits, les flux, ont simplement été modifiés. Malgré les sanctions imposées par l’Occident, les exportations de pétrole russe ne cessent de progresser selon Bloomberg. Avant l’invasion de l’Ukraine, les principaux clients de la Russie étaient les pays européens. Elle n’était qu’un fournisseur mineur de la Chine et de l’Inde. Depuis l’année dernière, la situation a radicalement changé. La Chine et l’Inde sont maintenant les deux plus gros acheteurs de brut russe. À elles deux, elles absorbent jusqu’à 80 % des exportations ! Transformé en suite en carburant, il est acheminé vers l’Europe. Les itinéraires ont juste changé. Cela rend la Russie dépendante de seulement deux pays importateurs de pétrole. Dans le même temps, elle a rendu l’Europe plus dépendante de la Chine et de l’Inde pour ses carburants, même si les importations de carburant des États-Unis ont aussi atteint un niveau record au début de cette année. Pour le gaz, c’est la même chose. La crise de l’énergie est donc terminée, n’en déplaise à l’OPEP+ qui ne voit pas d’un bon œil la baisse généralisée des cours.

Inflation sur 1 an dans les pays développés et émergents

Baisse du brent de mer du Nord

Baisse du gaz (Endex Natural Gas TTF)

Ensuite, les perspectives pour l’économie mondiale se dégradent lentement. C’est le retour du « bad news is good news » pour les marchés. Rappelons que les investisseurs se projettent dans le temps lorsqu’ils investissent. Une économie qui chancelle, c’est la quasi-certitude que les banques centrales vont rapidement stopper les hausses de taux voir même les baisser à moyen terme, ce qui devrait donner de l’air aux entreprises. Les PMI manufacturiers baissent encore pointant même une contraction générale. Les PMI des services montrent en revanche la bonne santé du secteur. Le marché de l’immobilier, source de croissance, marque le pas aux US et en Europe à cause des taux plus élevés. On a l’habitude de dire que « quand l’immobilier va, tout va », mais quand il ne va plus,… Mais bon, on n’est pas non plus à l’abri d’une nouvelle erreur stratégique des banques centrales préférant « assurer le coup » en continuant à monter les taux pour redorer leur blason terni par l’erreur historique d’avoir laissé filer l’inflation en 2021.

Enfin la Chine reste empêtrée dans une crise de l’immobilier sans précédent. L’activité immobilière continue de décliner, la croissance des prix des logements est faible, les rendements ont recommencé à baisser et les importations ont chuté, reflétant la stagnation de la demande. Le coup de boost post-covid est bien terminé. Le ralentissement de la Chine maintiendra la pression sur les prix des matières premières et permettra donc à la désinflation mondiale de se poursuivre.

On est donc à un moment important :

La baisse de la volatilité peut soutenir les marchés à court terme. En effet, il s’agit d’un indicateur de risque couramment utilisé comme baromètre de l’aversion pour le risque. À mesure qu’il baisse, les investisseurs sont amenés à se réexposer en actions. La principale incertitude reste l’attitude que vont adopter les banques centrales : hausse des taux ? statu quo ? Aujourd’hui la perception des marchés diffèrent de celles des banques qui ne prévoient pas de desserrer l’étau monétaire. Or, comme dit l’adage « don’t fight the Fed » 😊 Les prochaines décisions des banques centrales seront déterminantes. Les investisseurs estiment que la Fed est proche de marquer une pause. Encore une hausse et basta. En Europe, l’inflation est plus élevée et les taux plus bas. La BCE ne devrait donc pas s’arrêter là.

Philippe de Gouville
CEO et co-fondateur d’Ismo

Philippe vous propose chaque semaine son analyse de l’actualité des marchés financiers sur le blog Ismo. Retrouvez ses précédentes analyses dans la catégorie Actualités du blog.