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La FED dans un corner

Il y a deux semaines, j’évoquais dans notre Weekly que la courbe des taux américains s’était aplatie lorsque la Fed avait annoncé vouloir commencer à normaliser sa politique monétaire plus tôt que prévu à cause de la reprise de l’inflation. À cette annonce, la réaction du marché a été remarquable. Elle reflète la position inconfortable de la banque centrale. Les mouvements sont à l’opposé de ce qui s’était passé quand Ben Benranke, précédent président de la Fed, avait annoncé en 2013 vouloir arrêter les mesures de soutien à l’économie (le fameux « taper tantrum »).

Regardons les mouvements de la courbe des taux US de ces deux dernières semaines : le marché anticipe une remontée des taux sur le court terme puis à nouveau une baisse au-delà. Dis autrement, si la Fed décide de monter les taux, comme l’ont suggéré le président de la Fed Jérome Powell et celui de la Réserve Fédérale de Saint-Louis, James Bullard, ils ne disposent que d’une fenêtre de tir de 2 ans pour que leur décision impacte l’inflation. Au-delà, le marché anticipe qu’ils seront à nouveau confrontés à la nécessité de baisser les taux pour relancer la croissance.

Par ailleurs, on a pu constater l’extrême sensibilité des marchés à la moindre inflexion de leurs discours. Les marchés ont tellement faim de rentabilité que la plus petite annonce peut provoquer des mouvements importants : hausse du dollar et positionnement des gérants sur des valeurs de croissance, chute des marchés…
Une autre question se pose : les US pourront-ils conserver la croissance de leur économie si la Fed retire sa politique de soutien en déversant des milliards dans l’économie chaque année ? Et surtout, que se passera-t-il si la Fed est obligée de baisser à nouveau les taux pour soutenir l’économie avant que l’épisode inflationniste qu’ils connaissent actuellement ne soit terminé ?

En fait, les investisseurs, comme Bank of America, pensent que la Fed ne pourra jamais normaliser sa politique monétaire compte tenu de la sensibilité de l’économie à ses décisions. Ils sont convaincus qu’à la moindre baisse de 10% des marchés elle interviendra ou stoppera toute politique de normalisation en cours. Pas terrible pour la crédibilité de la Fed… Mais regardons les choses en face : la Fed a fait le pari de la reflation de l’économie, des marchés mais aussi de l’immobilier. Le moindre crash de l’un des trois indicateurs se traduirait immédiatement par une dépression et donc par une nouvelle intervention de sa part. C’est pourquoi après avoir facilité l’apparition de toutes ces bulles, la Fed est coincée.

Malheureusement, ce qui s’applique à la Fed s’applique à toutes les banques centrales suivant la même politique. La seule différence pour l’instant vient de l’inflation, moins forte dans les autres régions du monde.

Source : www.statista.com

Attention cependant, une bête coincée peut avoir des réactions imprévisibles. Si la Fed décide contre toute attente de respecter son mandat sur l’inflation quoi qu’il en coûte, tous les investisseurs complaisants vont souffrir.